jeudi 19 mars 2015

Trumma

"J'annonce à trois femmes, à la fois familières et inconnues, des amies proches de Frédérique, la naissance prochaine de notre fille. Elle s'appelle Trumma, contraction de Trauma (traumatisme), Uma/Emma (femme sensuelle) et Droom (rêve en néerlandais). Je ressens beaucoup de joie dans le coeur." Au réveil, je sais qu'il s'agit de mon Anima, la figure féminine de mon être, Alter Ego émotionnel et relationnel de mon masculin, sentinelle de mon inconscient personnel et passerelle vers l'inconscient collectif, cette psyché objective rencontrée par C. G. Jung.  

Je me souviens à nouveau de mes rêves depuis la mi-février 2015, après la longue nuit de ma vie intérieure dont l'origine se perd dans le temps. Je fais désormais l'expérience de l'autonomie de cette présence dans mon corps : l'"Homme-Rêve" est là, disponible et patient, habitant la "Montagne rouge". J'apprends à l'apprivoiser, il me guide dans mon chemin. "Cela fait si longtemps" ouïs-je, ému aux larmes, lors de nos retrouvailles. Jusqu'alors, mon Anima se projetait sur les femmes que j'ai aimées : dans sa version négative pendant ma première vie, dans son versant riche en paix depuis 14 ans. A l'oeuvre au noir a succédé l'oeuvre au blanc. Le moment est venu aujourd'hui de "retirer mes projections sur le monde, recouvrer mon pouvoir d'action dans le monde et commencer à me vivre complet".

J'avais reçu le programme de ma mue dès mon premier rêve : "Lilliputien, ma progression dans cette jungle touffue, étrange tapisserie en laine de yak, est lente et semée d'embûches, je me dépouille de mes systèmes de défense narcissique et m'abandonne sans résistance rationnelle à ce qui advient, aux antipodes de ce que je connais". Dans la foulée, le travail en thérapie EMDR m'a plongé incandescent dans la catastrophe familiale, gelée depuis 10 ans dans la culpabilité : indispensable purification de mon Moi. Depuis j'apprends, au jour le jour et dans mon corps, qu'il m'est impossible de guider quelqu'un là où je ne suis encore jamais allé. Le reste est expérience de l'ineffable : "Ce dont on ne peut parler, il faut le taire" (Wittgenstein).