dimanche 5 février 2017

Politique

L’obscénité publique provient de la désinhibition médiatique de nos inconscients personnels. Elle manifeste dans nos parlers la violence symbolique de la domination capitaliste.

En réponse à l’inconscience des politiques, une politique de l’inconscient aurait pour tâche de reconnecter l’action collective au Soi, foyer intemporel de la souveraineté non violente et source cachée de la puissance publique émancipatrice.

Et si la désignation par tirage au sort de nos mandataires publics exprimait mieux la souveraineté du peuple, en réponse à l’épuisement de nos processus démocratiques électifs, réduits aujourd'hui à départager les oligarchies politico-médiatiques ou à les expulser par un tribun chauvin et démagogique ?

En réinjectant le hasard dans les processus démocratiques, le tirage au sort corrigerait les excès de la volonté populaire : la démocratie représentative se verrait explicitement complétée par son inconscient collectif, plutôt que de le censurer et le laisser nous contaminer en sous-main.

Cette hypothèse serait compatible avec la notion ambitieuse de « démocratie délibérative » (développée par la recherche contemporaine en sciences politiques et sociales) dès lors que le destin (actif, dans la démocratie athénienne, lors du tirage au sort parmi les volontaires aux charges publiques) serait remplacé par une conception du temps où « nos intentions causent des effets dans le futur, qui deviennent à leur tour les futures causes d’effets dans le présent » (Jacques Vallée, 2011).

Maintenant, quelles seraient les institutions sociales de cette politisation de l’inconscient collectif ? Par quelles voies publiques le Soi organiserait-il l’inconscient collectif afin d’alimenter la puissance unilatérale du Moi aux ressources partagées de l’Être ?

Sur le plan de l'opinion publique, le « Rêvodrome » serait le médium communicationnel de cette politique postétatique de l’inconscient : une plate-forme électronique, ouverte et transnationale, de partage et d’analyse de nos rêves. L’expression à ciel ouvert de notre imagination active et la réappropriation de la sagesse des peuples par l’interprétation collective des symboles de l'Âme du monde formeraient une alternative positive à l’espace public médiatique grammaticalement dégénéré.

Sur le plan de l'autonomie individuelle, le « Berlingot », monnaie parentale, faciliterait l’échange de talents contre du temps d’accueil de qualité pour les tout-petits. L’enjeu est de développer des milieux d’accueil de la petite enfance qui réaliseraient la socialisation précoce des futurs citoyens sans discrimination, tout en permettant aux entreprises d’investir, dès maintenant et en toute transparence, dans la reconnaissance des profils professionnels les plus prometteurs.

Médium de solidarité ni financier, ni bureaucratique, « Berlingot » formerait le ferment des pépinières de parents, communautés locales d’apprentissage des compétences parentales, afin d’offrir du temps libéré et de l’amour aux familles et, nourri des enseignements du « Rêvodrome », paver la voie à l’individuation de leurs membres.

Références :

·       Charles Girard & Alice Le Goff, La Démocratie délibérative. Anthologie de textes fondamentaux, Hermann, 2010
·       Philippe Guillemant, La route du temps, Le Temps Présent, 2014
·       Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Flammarion, 2012
·       Etienne Perrot, Les Rêves et la Vie, Edition du Dauphin, 2007