mardi 1 mai 2018

Olivier Piedfort-Marin et Luise Reddemann, "Psychothérapie des traumatismes complexes"


Dans le champ des thérapies brèves, les éditions Satas nous donnent accès, en langue française, aux pratiques professionnelles de nos collègues étrangers (principalement américains et italiens).

Avec Psychothérapie des traumatismes complexes. Une approche intégrative basée sur la théorie des états du Moi et des techniques hypno-imaginatives d’Olivier Piedfort-Marin et Luise Reddemann (2016), nous découvrons un courant à forte renommée chez nos voisins européens de langue allemande : la « Psychothérapie Psychodynamique Imaginative des Traumatismes » (PPIT).

Comment faire tenir ensemble les expériences vécues du patient d’une manière qui donne du sens à sa biographie aujourd’hui et sans qu’il retombe dans l’impuissance et le désespoir consécutifs aux horreurs passées ?

Telle est l’ambition de plusieurs écoles psychothérapeutiques (dont la PPIT) qui modélisent la désintégration de la personnalité en tant que réponse symptomatique de survie psychique face à l’insupportable : thérapie des schémas d’origine cognitivo-comportementale, système familial intérieur, théorie des états du Moi de source psychanalytique ou théorie de la dissociation structurelle de la personnalité inspirée de Janet.

La PPIT se différencie de ces approches par la priorité donnée à la compassion et à la consolation. Par la compassion, il s’agit d’abord de reconnaître les blessures de l’enfant ou de l’adolescent privé, à cause de carences parentales précoces, des ressources pour faire face à la violence sexualisée. Par la consolation, il s’agit de réparer ces blessures en mobilisant les compétences actuelles d’autoguérison obtenues en remettant le Moi adulte au centre du processus thérapeutique.

Face aux symptômes de dissociation traumatique (déréalisation et dépersonnalisation), la stratégie de la PPIT consiste à renforcer la distanciation thérapeutique à l’égard des événements subis : par la douceur, prendre du recul par rapport à l’immédiateté des ressentis et sans se couper des expériences vécues. L’objectif est d’augmenter la fenêtre de tolérance du patient et de faciliter sa régulation émotionnelle des épisodes traumatiques avant, le cas échéant, de l’exposer durablement au matériau problématique.

Concrètement, il s’agit de construire par l’imagination une scène intérieure au patient (pleine conscience, joie, paix avec soi-même, compassion), d’y aménager par visualisation des espaces sécurisés et protégés (lieu sûr, coffre-fort, arbre, jardin intérieur), d’y convoquer des figures bienveillantes (références symboliques, parents idéaux, sagesse intérieure) et de laisser ensuite chacun des complexes (parts blessées ou malveillantes) entrer en scène et dialoguer pour reconstituer l’unité de la personne, sous l’autorité rassurante et réconfortante de l’observateur intérieur (Moi adulte).

Fruit d’une riche expérience professionnelle en contexte psychiatrique, ce livre fourmille d’outils pleins de douceur pour accompagner les survivants de traumatismes complexes dans leur dialogue interne guérisseur. Les psychothérapeutes de toute obédience bénéficieront aussi des enseignements sur l’importance du cadre de travail issus d’une longue pratique de supervision psychanalytique.



 

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