Dans le champ des thérapies brèves, les
éditions Satas nous donnent accès, en langue française, aux pratiques
professionnelles de nos collègues étrangers (principalement américains et
italiens).
Avec Psychothérapie
des traumatismes complexes. Une approche intégrative basée sur la théorie des
états du Moi et des techniques hypno-imaginatives d’Olivier
Piedfort-Marin et Luise Reddemann (2016), nous découvrons un courant à forte
renommée chez nos voisins européens de langue allemande : la « Psychothérapie
Psychodynamique Imaginative des Traumatismes » (PPIT).
Comment faire tenir ensemble les expériences
vécues du patient d’une manière qui donne du sens à sa biographie aujourd’hui
et sans qu’il retombe dans l’impuissance et le désespoir consécutifs aux horreurs
passées ?
Telle est l’ambition de plusieurs écoles
psychothérapeutiques (dont la PPIT) qui modélisent la désintégration de la
personnalité en tant que réponse symptomatique de survie psychique face à
l’insupportable : thérapie des schémas d’origine cognitivo-comportementale,
système familial intérieur, théorie des états du Moi de source psychanalytique
ou théorie de la dissociation structurelle de la personnalité inspirée de
Janet.
La PPIT se différencie de ces approches par la
priorité donnée à la compassion et à la consolation. Par la compassion, il
s’agit d’abord de reconnaître les blessures de l’enfant ou de l’adolescent
privé, à cause de carences parentales précoces, des ressources pour faire face
à la violence sexualisée. Par la consolation, il s’agit de réparer ces
blessures en mobilisant les compétences actuelles d’autoguérison obtenues en
remettant le Moi adulte au centre du processus thérapeutique.
Face aux symptômes de dissociation traumatique
(déréalisation et dépersonnalisation), la stratégie de la PPIT consiste à
renforcer la distanciation thérapeutique à l’égard des événements subis :
par la douceur, prendre du recul par rapport à l’immédiateté des ressentis et sans
se couper des expériences vécues. L’objectif est d’augmenter la fenêtre de
tolérance du patient et de faciliter sa régulation émotionnelle des épisodes
traumatiques avant, le cas échéant, de l’exposer durablement au matériau
problématique.
Concrètement, il s’agit de construire par
l’imagination une scène intérieure au patient (pleine conscience, joie, paix
avec soi-même, compassion), d’y aménager
par visualisation des espaces sécurisés et protégés (lieu sûr, coffre-fort, arbre,
jardin intérieur), d’y convoquer des figures bienveillantes (références
symboliques, parents idéaux, sagesse intérieure) et de laisser ensuite chacun
des complexes (parts blessées ou malveillantes) entrer en scène et dialoguer pour reconstituer l’unité de la
personne, sous
l’autorité rassurante et réconfortante de l’observateur intérieur (Moi adulte).
Fruit d’une riche expérience professionnelle
en contexte psychiatrique, ce livre fourmille d’outils pleins de douceur pour
accompagner les survivants de traumatismes complexes dans leur dialogue interne
guérisseur. Les psychothérapeutes de toute obédience bénéficieront aussi des
enseignements sur l’importance du cadre de travail issus d’une longue pratique
de supervision psychanalytique.
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