dimanche 13 novembre 2022

Pharaon

Chers David, Pieter et Wouter, 

Chers camarades de lutte, 

 

Voilà déjà 10 jours que vous êtes enfermés aux Pays-Bas par décision judiciaire. Vous êtes nos premiers prisonniers politiques pour la justice écologique et sociale. Bravo pour votre sacrifice non-violent. 

 

Par votre action provocatrice, vous avez tenté de (res)susciter le sentiment de sacré que nous inspire notre Terre-Mère. Une expérience morale liée au beau, profané par nos comportements de mécréants lorsque nous saccageons la nature vivante par notre inactivisme de citoyen.nes obéissant.es autant que les criminels climatiques. 

 

Vous avez témoigné – par votre détermination devant les représentations abstraites de la nature exhibées dans des institutions muséales – que l’écocide est aussi un crime contre notre humanité. Votre attentat poétique, par son désespoir lucide et surréaliste, met en lumière notre indispensable interconnexion avec le vivant en nous et autour de nous. 

 

Je salue votre foi qui nous donne le courage de continuer la lutte. Je sais que la vie aura le dernier mot, quoi qu’il nous en coûte. Moïse autant que Spartacus libéreront les esclaves du joug de notre servitude volontaire. Que tremble Pharaon. 

 

Le moment venu, je vous recevrai gracieusement, en français ou en anglais, à Bruxelles, comme médecin de l’âme, pour vous aider à digérer psychiquement les souvenirs traumatiques liés à votre action, votre arrestation et votre détention. 

 

Avec amour et courage.




18.11.2022 : "Les trois militants écologistes belges qui avaient attaqué le Vermeer sont libres".

samedi 22 octobre 2022

Vendredi 21

La scène se passe dans un chalet. Nous sommes 6-8 personnes, à faire des expériences et à préparer des opérations dans le plus grand secret. Je ne connais pas les participant.es, ni la cible, ni la finalité de notre activité. Je sais que nous ourdissons un complot.

Nous changeons de salle pour partager nos résultats et préparer leur restitution publique. Un grand homme, maigre, roux, au ton blafard et à la peau jaune (la caricature du savant fou, tout en étant un peu repoussant), écrit sur le tableau blanc des mots en allemand, en style gothique, péniblement et sur un mode robotique. Mots que je devrais prononcer en tant que porte-parole du groupe et signature de nos travaux.

Je m'insurge et saute littéralement à la gorge de cette étrange créature, charismatique et abjecte à la fois, en lui disant que ce qu'il a écrit sur le tableau ne veut rien dire, est une caricature sordide de l'allemand, pleine de ressentiment et de règlement de comptes, et trahit nos travaux tels qu'ils avaient été élaborés et validés ensemble dans l'autre pièce.

 ***

J'ai reçu ce rêve vendredi 21 octobre 2022, au Mas de Luzière, dans le cadre d'un stage de Thérapeutique de la Kabbale. La nuit précédente, j'avais été réveillé par des battements d'ailes autour de moi : deux chauves-souris virevoltaient dans ma chambre, comme si elles me partageaient un message invisible, en ce jour anniversaire de la mort de mon père.  

Ce samedi, le point de réalisation de ma conversion spirituelle, engagée début de l'année, est atteint en recevant le rêve suivant : 

"Ce matin, quand mon réveil a sonné, j'étais occupé à expliquer aux personnes réunies autour de moi que, né dans un corps de garçon, j'étais en réalité une femme". 




mercredi 5 octobre 2022

Nécrose

 Stopper la nécrose du monde  [1]

  


Acteur du mouvement pro-climat, qu’aies-je retenu de l’interpellation de la 1e Université d’Été des Immenses (2021) ?


Et que répondre aux chapitres "Zéro déchet humain ou contre l’économie du gaspillage (humain)" (pages 28-48 & 164-183 des Actes de l’Université d’Été 2021) ?



I.    La revendication immense [2] : être respecté.e


J’en distingue trois aspects :


a)  la reconnaissance comme enjeu moral de visibilité. C’est la dignité de la prise de parole des moins-que-rien pour retourner leur stigmate contre la domination;


b)  la réparation comme enjeu social d’inclusivité. C’est la pertinence écologique des sentinelles surnuméraires pour restaurer nos mondes épuisés;


c)  la révolution comme enjeu politique d’égalité. C’est la promesse émancipatoire de l’avant-garde des laissé.es-pour-compte pour abolir les oligarchies.



II.    Préférer les "climateux" au mouvement pro-climat


Je m’exprime ici comme membre d’Extinction Rebellion Belgium.


"Climateux" : c’est ainsi que les camarades Gilets Jaunes de Belgique moquent le mouvement pro-climat. 


Dans la foulée, dissipons quelques idées préconçues. Les clichés ont la peau dure.



a)    Le mouvement pro-climat n’est pas homogène


On y trouve des méditant.es, des militant.es et des combattant.es, des automobilistes et des cyclistes, des anticapitalistes chevronné.es et des boomers repenti.es, des altruistes et des survivalistes, des croyant.es et des sceptiques, des végan.es et des carnistes, des salarié.es et des volontaires, des conspirationnistes et des conformistes.


Tout l’éventail de la société civile éco-anxieuse, des réformistes aux révolutionnaires.



b)    Le mouvement pro-climat ne s’intéresse ni aux ours polaires, ni aux pandas


Il soutient plutôt l’écologisme des pauvres, leurs luttes pour obtenir réparation des pertes et des préjudices infligés par l’extractivisme. Lequel réduit le vivant à un réservoir de ressources et à un dépotoir de déchets afin d’assouvir l’avidité du profit.


Le mouvement pro-climat s’oppose aussi au long-termisme (ou "altruisme efficace"), la nouvelle dystopie eugéniste et transhumaniste des ultra-riches.



c)    Le mouvement pro-climat ne fantasme pas la convergence des luttes


Loin des querelles byzantines dont la gauche institutionnalisée a le secret, le mouvement pro-climat prône le principe du respect de la diversité des tactiques pour obtenir, sur tous les fronts, le changement structurel du système toxique qui nous empoisonne.


Ces clarifications faites, qu’apprendre des Immenses ?



III.    Le monde est devenu immonde  [3]


Dans le contexte du "cataclysme climatique" (dixit le GIEC en 2021), les Immenses accusent les Immondes.


Les Immondes sont les structures sociales et les politiques publiques qui rendent notre monde inhabitable, à tous les échelons géographiques. L’inhabitabilité de notre Terre, le franchissement irréversible des 9 limites planétaires, c’est la fin de l’"écoumène" (Augustin Berque).


Pour les Immondes, plus rien ni personne n’est à l’abri. A commencer par les régions et les populations les plus impactées de la planète (les "MAPA", dans le jargon des climateux). Sur une planète qui brûle, nous sommes déjà tou.tes privé.es de chez-soi.


Les Immondes sont les maîtres de la "nécropolitique", ce pouvoir exorbitant et discrétionnaire de décider qui peut vivre et qui doit mourir (selon les termes d’Achille Mbembé).



IV.    Notre planète est un zoo


En tant qu’immondices, les déchets humains sont l’indice indicible de l’im-monde.



a) Ce que nous faisons

  • Prisons, camps et hospices : invisibiliser les surnuméraires.
  • Élevage, marquage et traçage : façonner les populations.
  • Confinement, isolement et rationnement : dresser les comportements.
  • Aliénation, exploitation et massification : détruire les âmes.


b)    Ce que nous nous faisons


  • En réduisant les animaux à des choses, c’est notre propre extermination comme espèces vivantes que nous préparons.
  • En traitant les animaux comme des bêtes, c’est notre propre assujettissement comme individus singuliers que nous organisons.
  • En manquant d’humanité pour les animaux, c’est notre propre capacité à rêver et à aimer que nous détruisons. 
  • La déconsidération de nos interdépendances nourrit la sidération de nos inconscients.


c)    Ce que nous nous laissons faire

 

  • Humains et animaux, nous sommes la matière première des intelligences artificielles qui gouvernent le capitalisme.
  • Animaux et humains, nos existences sont vidées de leur substance pour servir le dépaysement d’une élite hors sol.
  • Humains et animaux, nos mondes sont encapsulés dans des environnements synthétiques.
  • Animaux et humains, nos futurs sont en captivité. 


V.    Aujourd’hui que faire ?


J’identifie quatre axes stratégiques.



a)  Dés-espérer. Poser un diagnostic lucide de l’époque et faire le deuil de faux espoirs. Les riches et les puissants mènent une guerre non déclarée et sans pitié contre le vivant et personne n’est épargné.


b)  S’organiser. Face à cet ennemi, définir et escalader nos priorités d’autodéfense populaire. De manière cumulative : faire peur (déstabiliser), faire mal (désarmer) et faire l’amour (pardonner).


c)  S’enraciner. Devant ce Mal qui vient, se préparer à une résistance civile effective et non-violente. Y compris en bâtissant des bases arrières, en développant une branche clandestine et en recrutant des infiltré.es dans l’appareil d’État.


d)  Décroître. En réponse à ce diagnostic, réaliser des expériences de pensée collectives pour visualiser notre futur désirable. Par exemple : "Quelles seraient nos institutions dans un monde à +4° (par rapport à l’ère préindustrielle) et sans énergies nucléaire et fossiles, ni monnaie-dette, sans exploitation animale, sans violences sexistes et sexuelles, et sans police ni milice ?".

 


VI.    Considération finale


Nous sommes au cœur d’un combat spirituel qui se décline dans une multitude de champs de bataille où s’exprime l’enjeu existentiel ("effondrement", "extinction", "extermination", "annihilation"). Laissons-nous à des psychopathes le pouvoir discrétionnaire de décider qui peut vivre et qui doit mourir?


Ce qui est avec les Immenses est bien plus grand qu’avec les Immondes.


Cela me donne la force d’avoir le courage de poursuivre la lutte pour stopper la nécrose du monde.



[1] Intervention de Boris Libois, membre d’Extinction Rebellion Belgium, dans le cadre de la sortie officielle de Politique et immensité (Théâtre de la Balsamine, Bruxelles, 06 octobre 2022). En vidéo.

[2] "Acronyme d’Individu dans une Merde Matérielle Énorme mais Non Sans Exigences. ‘‘Immense’’ est la dénomination, ni stigmatisante ni réductrice, desdits sans-abri, sans-domicile, sans-logis, sans-papiers, SDF, précaires, mal-logés ou habitants de la rue. 1. Le mot ‘‘immense’’ est plus respectueux, sans conteste, et l’irrespect est ce dont beaucoup d’immenses se disent victimes. 2. Le mot ‘‘immense’’ n’est pas que du politiquement correct. Il y a un programme politique derrière." (p. 67, Politique et immensité).

lundi 19 septembre 2022

Vivre

Je reviens transformé par mon stage de Thérapeutique de la Kabbale. 

 

J'y ai pratiqué le massage vibratoire (réharmonisation de l'être par imposition des mains sur le corps énergétique), en complément à la méditation hébraïque (visualisation active de notre arbre de vie, structure fondamentale de tout être). 

 

Je partage les paroles sacrées reçues en travaillant, comme massé, sur '"Que faire de ma colère d'activiste de la justice écologique et sociale?". 

 

"Je sais que la vie aura le dernier mot [malgré la menace existentielle d'extinction de l'espèce humaine, documentée par le GIEC] et cela me donne la force d'avoir le courage de poursuivre la lutte". 

 

Ou : comment l'ouverture inconditionnelle à l'amour fou pour la vie entraîne des guérisons miraculeuses par réparation des blessures de mon âme et renforce son incarnation ici-bas.


Écrite l'an dernier, ma "Déclaration de terre" prend sa source dans la puissance du bonheur plutôt que cultiver l'énergie du désespoir.
  

 

Texte politique, je découvre qu'il est inspiré par plus grand que moi et signe mon acte de naissance terrestre.

La spiritualité de l'être sans le tragique de l'existence, c'est aussi simple que cela.

Et, pour Extinction Rebellion, j'encourage l'intégration de cette approche dans notre culture régénérative afin d'incarner "Love & Courage" dans nos corps et préfigurer notre monde non-violent.

Plus haut, plus loin




vendredi 13 mai 2022

Vendredi 13

Je me souviens rarement de mes rêves mais celui-ci m'a réveillé en sursaut, ce vendredi 13 mai 2022, au Hameau de l’Étoile. Il résonne personnellement pour moi. Je pense qu'il comporte aussi un enseignement universel.

 

Le propriétaire d’une entreprise familiale se prépare à prendre sa retraite et à passer la main à un couple de repreneurs, satisfait des bonnes affaires menées au cours de sa carrière.

Il me remet un bulletin, en me remerciant pour les services rendus dans l’opération. Je suis délivré de ma mission d’accompagnement. Je constate que j’ai de bons scores partout sauf en mathématiques, où je suis vraiment nul.

Je lui recommande de racheter une société de taxis mais il décline parce que ce n’est pas assez profitable.

Le couple de repreneurs constate un blocage dans une activité de surface, au moment du redémarrage de l’entreprise.

Le futur ex-propriétaire descend dans la cave pour identifier la cause du dysfonctionnement et en remonte en vomissant dans les machines, effondré de ce qu’il a découvert dans les entrailles de son entreprise.

Je savais depuis le début de ma mission de quoi il s’agissait mais le propriétaire ne voulait rien entendre.

 

Commentaire 

Voilà bientôt trois ans que je suis engagé dans la résistance civile et la désobéissance non violente. Je n’ai pas ménagé mes énergies à porter et soutenir, avec les autres rebelles d’Extinction Rebellion Belgium, nos trois demandes, contre vents et marées.

Aujourd’hui, à l’intérieur de moi, j’ai foi dans la puissance de vie, je peux abandonner la posture du "parleur de malheur" et délaisser la vision tragique du monde pour m’abandonner à la joie et à l’amour. J'en pleure.

 


 

mercredi 16 mars 2022

Zoo

Ce que nous faisons :

 

Prisons, camps et hospices : invisibiliser les surnuméraires.

 

Élevage, marquage et traçage : façonner les populations.

 

Confinement, isolement et rationnement : dresser les comportements.

 

Aliénation, exploitation et massification : détruire les âmes.

 

 

Ce que nous nous faisons :

 

En réduisant les animaux à des choses, c’est notre propre extermination comme espèces vivantes que nous préparons.

 

En traitant les animaux comme des bêtes, c’est notre propre assujettissement comme individus singuliers que nous organisons.

 

En manquant d’humanité pour les animaux, c’est notre propre capacité à rêver et à aimer que nous détruisons.

 

La déconsidération de nos interdépendances nourrit la sidération de nos inconscients.

 

 

Ce que nous nous laissons faire :

 

Humains et animaux, nous sommes la matière première des intelligences artificielles qui gouvernent le capitalisme.

 

Animaux et humains, nos existences sont vidées de leur substance pour servir le dépaysement d’une élite hors sol.

  

Humains et animaux, nos mondes sont encapsulés dans des environnements synthétiques.

 

Animaux et humains, nos futurs sont en captivité.

 

 


 

lundi 28 février 2022

Solastalgie

Limiter les dégâts, apprendre à mourir, aimer au-delà du désespoir

Il est peut-être trop tard pour empêcher le cataclysme. Il n'est pas trop tôt pour nous préparer à en renaître. Tant qu'il est encore temps, utilisons le temps qu'il nous reste pour faire l'amour révolutionnaire, malgré la guerre non déclarée contre le vivant.
 

Déployer une vision pour faire advenir un futur désirable, c’est avoir un coup d’avance sur un ennemi qui multiplie les narrations de diversion et les leurres en produisant, de toutes pièces et avec nos données personnelles, des environnements factices et obsolètes auxquels nous nous épuisons à nous adapter.

Dire la vérité après la COP26, c'est envisager le pire scénario sur le plan des conditions d'habitabilité. Agir maintenant, c’est imaginer le mo
nde que nous voulons dans ces limites imposées à la croissance. Au-delà de "Au-delà de la politique", c’est élaborer notre vision de la société post-croissance, sans attendre le parlement citoyen. 

C’est pourquoi je propose cette expérience de pensée aux leaders solastalgiques : quelles seraient nos institutions dans un monde à +4° et sans énergies nucléaire et fossiles, ni monnaie-dette, sans exploitation animale, sans violences sexistes et sexuelles, et sans police ni milice ?

Aimer, l'acte d'habiter son monde. Où et comment se relier à autrui, en conscience. Et si c'était la seule alternative à l'hiver nucléaire pour mettre un coup de froid au réchauffement climatique ?

 

 

NB. De retour, mi-février, du premier stage d'une formation à la Thérapeutique de la Kabbale, j'ai clarifié mes objectifs 2022 : poser mes pieds dans les pas des poètes, pour inspirer mes camarades et leurs allié.es, et dans ceux des prophètes, pour réparer nos mondes épuisés. Désormais, mon investissement va se prioriser sur l'accompagnement des personnes (leaders, rebelles, sorcières) engagées dans le combat spirituel mené par la puissance de vie. Je verrai au cas par cas comment je pourrais être le plus utile sur le terrain.

jeudi 20 janvier 2022

Portrait dans "Imagine. Demain le monde" n° 148

"Imagine. Demain le monde" me taille le portrait, sous la plume et l’œil de Christophe Schoune, le temps long d'un entretien stimulant.